
Nochapiq : emballement garanti !
Les murs de French Theory n’avaient jamais connu ça. Vendredi 31 janvier, dans le Salon des Hydropathes, l’artiste Nochapiq (de son vrai nom Noémie Chaillet-Piquand), s’est livrée à une performance artistique aussi remarquable que particulière. Devant un petit comité trié sur le volet, l’artiste nous a questionnés sur notre rapport au luxe et à la préciosité…

© Mohamed-Khalil
Le pari que s’était lancé l’artiste : « embolduquer » en direct une série d’objets choisis par quelques uns de ses amis, c’est à dire les emballer avec des fameux bolducs issus de grandes marques de luxe – et de sa propre Maison. Depuis 2018, et après être passée par bon nombre d’enseignes telles que Hermès ou Dior, c’est devenu la signature de Nochapiq : envelopper des produits du quotidien de rubans de luxe. Tout y passe : pipe, appareil photo, spray, crucifix, tabouret… Tout peut être emballé – et nous avec.

© Mohamed Khalil
Sous les néons tamisés du salon de French Theory métamorphosé en atelier de création, elle s’est munie de ses différents ustensiles – scotch, ciseaux de toutes tailles, cutter – pour embolduquer des objets aussi divers que variés.
Nochapiq commence par celui de Michael Coste, responsable des relations extérieures d’une maison d’excellence, qui a sobrement choisi… une boite à caviar. En réalité, confie-t-il, « c’était une boite de chocolats ». Sa particularité : il l’a transformée en cendrier et les trois mégots de cigarettes qu’il y a conservés appartenaient à des personnalités qu’il a « eu la chance de pouvoir recevoir » dans son bureau. « La dernière personne qui a écrasé sa cigarette, précise-t-il, était un mannequin célèbre des années 80. Je ne peux pas révéler son nom, mais elle est toujours très belle et très féline ». Pour Michael Coste, cet embolducage était donc « une opportunité formidable d’en faire une pièce exceptionnelle, et de la rendre encore plus belle qu’elle ne l’est à ce jour ».
"Nochapiq donne une autre dimension aux objets du quotidien."Charlotte Montpezat
Après quelques mouvements de découpe et de collages minutieux, la boite à caviar est enfin « embolduquée ». Michael Coste est ravi. Derrière lui, les invités défilent. Charlotte Montpezat, historienne d’art et chercheuse de talents pour le Groupe Canal+, choisit un préservatif Manix. Dans les mains de Nochapiq, il devient un préservatif Chanel. Charlotte Montpezat est enchantée. « Nochapiq donne une autre dimension aux objets du quotidien, savoure-t-elle. Elle les transforme en œuvres d’art et, aussi, en questionnement. Pour moi, Noémie est une des personnes les plus créatives au monde. Et c’est une fierté d’avoir pu contribuer à cet emballement. »

© Mohamed Khalil
C’est ensuite au tour de celle que l’artiste considère comme sa fille : Manon. Celle-ci a apporté deux vinyles, l’un de Blur et l’autre de Patrick Juvet. Nochapiq choisit le premier 33 tours – un objet un peu plus long à embolduquer de par sa taille. L’invité qui suit, Olivier Pascalie, n’a pas apporté des produits faciles à emballer : deux baguettes de batterie et le vernis à ongles rouge de Christian Louboutin, dont le flacon est inspiré d’un talon aiguille de 20,5 centimètres. M. Pascalie a voulu « la mettre au défi » d’embolduquer quelque chose de pointu. Et il sait de quoi il parle : il dirige Mazarine Atelier Pascalie, une agence spécialisée dans le packaging et le design de produits de luxe. Malgré la difficulté, mission accomplie pour Nochapiq, tout de même. « J’étais très inquiet car j’ai cru qu’elle allait abandonner, » s’amuse l’invité. « J’ai vu dans son regard qu’il y avait un moment d’angoisse mais elle l’a dépassé, donc je suis très fier d’elle ».
Lorsqu’on demande à l’artiste si elle a déjà failli à la tâche d’embolduquer un objet, la réponse est négative. « Zéro ! » insiste-t-elle, tout sourire, en rappelant, à raison, qu’elle est « contente » et qu’elle « s’amuse ». Dernier à entrer sur la piste : Aurélien Armagnac, le fondateur de French Theory. Ce qu’il a choisi d’emballer ? Son passeport. Tout un symbole. Aurélien n’a plus besoin de partir à l’étranger puisqu’il reste ici, dans ce lieu de rencontre unique et protéiforme, qui accueille désormais tous les artistes les plus stimulants de notre époque.

© Mohamed Khalil
Tous ces objets embolduqués seront exposés à la Galerie d’Art Joyce (168 galerie de Valois, Paris 1er) à partir du 22 février prochain.
Une nouvelle performance de Nochapiq sera également visible les 15 (11h-19h) et 16 février (12h-18h) chez Heureux Les Curieux (23 rue du pont-aux-choux, Paris III) où la rédaction d’1 epok formidable, dirigée par Anne Eveillard, a investit les lieux et convié l’artiste.