
Da Vinci Code, Saint-Sulpice et le mystère du Gnomon
Attention, nous ne sommes pas en train de vous révéler l’existence de petits génies dans nos rues – pour ça, il faudra revenir nous lire un peu plus tard.
Ce mot mi-bizarre, mi-mignon désigne à la fois un dispositif qui fait connaître la vérité et un cadran solaire. Ça tombe plutôt très bien puisqu’avec un bon cadran solaire on peut connaître beaucoup de choses : l’heure, la date exacte et même, si on est un astronome antique, la circonférence exacte de la Terre.

L’un des plus célèbres gnomons du monde se trouve à dix minutes à pied de French Theory. Il est situé dans l’église Saint-Sulpice et, depuis 2004, le monde entier se presse pour venir le voir, attiré par les légendes qui circulent à son sujet… Ce gnomon est une méridienne conçue pour projeter l’image du soleil sur le sol, et déterminer ainsi des moments de son mouvement annuel dans le ciel – solstice, équinoxe, etc. Cette méridienne est construite autour d’une ligne orientée nord-sud, représentée par une règle de laiton insérée dans le sol de l’église.

L'obélisque de Saint-Sulpice. Wikimedia Commons
Et concrètement ? C’est très simple : la lumière du soleil passe à travers une petite ouverture circulaire disposée dans le vitrail sud du transept (non, il ne s’agit pas d’un chiffre mal orthographié, mais de la nef transversale de l’église), et forme sur le sol une tache de lumière qui croise la ligne chaque fois que le soleil culmine à midi.
Selon l’époque de l’année, en fonction de sa hauteur dans le ciel à midi, le soleil pointe différentes parties de l’axe. À l’autre extrémité de la méridienne, on trouve un obélisque éclairé près de son sommet lorsque le soleil est au plus bas à midi, le jour du solstice d’hiver. Vous avez suivi ?
Ce n’est pourtant pas par passion de l’astronomie que des dizaines de milliers de touristes affluent pour venir la découvrir. En réalité, la méridienne doit sa popularité à… un livre, le fameux Da Vinci Code de Dan Brown. Jamais à cours de suppositions fantaisistes, le romancier américain raconte que cette obélisque daterait de l’antiquité égyptienne et que la ligne méridienne est le vestige d’un temple païen autrefois érigé à cet endroit. Les initiés l’appelleraient la « rose-ligne », et elle coïnciderait avec le méridien de l’Observatoire qui sert de référence aux cartes de Paris.

Rien de tout cela n’est vrai, mais la visite de l’église et la découverte d’un gnomon valent bien une promenade, ne serait-ce que pour écouter les élucubrations des visiteurs qui y imaginent une French theory du complot…

Église Saint-Sulpice
2 Rue Palatine, 75006 Paris
À 9 minutes à pied de French Theory